126
HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
assez sérieuses pour qu'elle, puisse fournir une indication certaine sur l'origine cles vieilles tentures. Jusqu'à nouvel ordre, il est pru­dent de ne pas se prononcer, puisqu'on ne connaît aucune pièce provenant d'une manière indubitable des anciens ateliers de la Marche. Tenons - nous - en donc aux faits positifs et aux documents authentiques. Cest ce que nous nous sommes efforcé de faire pour la période qui s'arrête à la prise de la ville d'Arras, en 1477, et à la ruine de ses fameuses manufactures.
Avant d'aller plus loin, nous dirons ici quelques mots des cé­lèbres toiles peintes de Reims. Étaient-elles, à l'origine, destinées à servir de cartons de tapisseries, ou devaient-elles suppléer les pièces de haute lice dans les pompes religieuses qui demandaient un grand déploiement de luxe? Les érudits qui les ont étudiées n'ont pu se mettre d'accord sur ce point. Il est établi qu'autrefois les églises trop pauvres pour se parer de tentures tissées les jours des fêtes religieuses, se contentaient d'employer des toiles sur les­quelles un artiste du cru avait tracé à peu de frais des légendes édifiantes. Les toiles peintes de Reims, aujourd'hui exposées dans les salles de l'hôtel de ville, auraient eu cette destination.
La publication due à MM. Louis Paris et Leberthais, dans la­quelle sont reproduites ces compositions, dispense de toute descrip­tion. Il suffira de rappeler que les sujets sont tracés au bistre sur de vastes pièces d'étoffe cousues ensemble, et à peine rehaussés dans les chairs de quelques tons légers. Des bordures à feuillages déchiquetés, rappelant la flore du gothique flamboyant, encadrent les tableaux. Toutes les toiles ne sont pas de la même date. Les plus anciennes, d'un caractère gothique nettement accusé, remon­teraient au temps de Charles VII, tandis que les autres auraient été peintes sous Louis XI, sous Charles VIII ou sous Louis XIL Bien qu'incomplète aujourd'hui, cette série est de beaucoup la plus considérable qu'on connaisse ; elle compte encore vingt-quatre pièces, réparties en trois séries :
Sujets de l'Ancien Testament ; huit sujets.
La Passion de Jésus- Christ ; dix sujets.
La Vengeance de Notre-Seigneur ; sept panneaux.
La prémière division est formée de scènes très disparates. On y a compris une Glorification de la Vierge, surmontée d'un dais gothique, la pièce la plus ancienne par son style; les autres panneaux repré-